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Titre | titre6Maestoso
| Lieu |
Le trottoir est un lieu privilégié. Les petits pions ont tellement peur
les uns des autres qu’ils ne se regardent même pas. Vous cherchez la solitude ?
Allez sur un trottoir au milieu de la foule. Vous pourriez y être égorgé en pleine
journée que personne ne s’en apercevrait et que d’ailleurs la police n’obtient
jamais de réponse à ces appels à témoin. Idéal pour un meurtre ! D’ailleurs,
justement…rement dite – et quand on dit proprement. |
la victime |
Jérôme ! Jérôme ! Pas de Jérôme. Non pas qu’il fut absent, non ; non pas qu’il fut endormi, non. Non, on ne le voyait pas.
C’est curieux comment il est des hommes qui passent inaperçu. Ils ne se cachent pas réellement, non. C’est juste qu’on
ne les voit pas. Un photographe qui circule autour d’un spectacle et en fixe les étapes sur la pellicule mais auquel
personne ne fait attention. Le serveur qui présente le plat de petits fours qui attirent bien plus l’attention que la
main qui les tend. La madame sur le banc sur les genoux de laquelle on s’assoit car on ne l’avait pas vue. Le petit
vieux qui se fait renverser par une voiture dont le chauffeur ne s’aperçoit même pas qu’il a cabossé son aile. Ah oui,
Jérôme ; rien à en dire, j’avoue que je ne l’ai pas remarqué. Je me demande même si on pourrait le tuer sans s’en rendre
compte. A moins qu’il ne soit déjà mort. D’ailleurs il a répondu à l’appel de tout à l’heure, mais personne ne
l’a entendu ; on le croit déjà mort. |
Le coupable |
On ne l’avait jamais vu respirer normalement de mémoire d’homme : toujours un clope au bec, il ne faisait que des nuages de fumée à chaque expiration, des volutes les jours de poésie et les anneaux des jeux olympiques les jours où il était en forme. Ses cils servaient de filtre à nécotine et une goutte de goudron perlait au bout de chacun d’eux. Crad penserez-vous, mais pas du tout c’était par délicatesse pour son entourage car, comme il ne se lavait jamais on aurait pu sentir son odeur et ça, il n’aurait jamais supporté de l’imposer aux autres. D’ailleurs, il aurait préféré les tuer que de leur imposer son odeur. On ne se refait pas : le respect des autres, c’était sacré pour lui. |
L'arme du crime |
- Alors commissaire avez-vous trouvé l'arme du crime ?
- Oui, bien sûr, il s'agit d'un pot de peinture.
- Eh bien ! il y en a qui prennent tout ce qui leur passe sous la main pour
frapper.
- Mais pas du tout ; il n'y a eu aucun coup.
- Je ne comprends pas.
- Pour tuer sa victime, l'assassin n'a fait que de la peindre un peu.
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Bravo, cette nouvelle qui vous ressemble est un chef
d'œuvre. Mais si ! Travaillez la encore un petit peu et lisez-là à
vos amis, ils seront épatés.
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de 2€. titre6Maestoso | |